Le projet
Le projet SismoCitoyen est un projet de recherche de science participative en sismologie mené depuis 2017 par l’ITES (Institut Terre et Environnement de Strasbourg) et l’EOST (Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre), qui pilote le BCSF-Rénass (Bureau central sismologique français et Réseau national de surveillance sismique), ainsi que par le LISEC (Laboratoire Interuniversitaire des Sciences de l’Éducation de de la Communication).
Le projet SismoCitoyen consiste à déployer dans le fossé Rhénan des capteurs sismologiques à bas coût de type “Raspberry Shake” chez des particuliers. L’objectif est d’augmenter de façon importante le nombre de stations sismologiques utilisées par le BCSF-Rénass pour le suivi et la surveillance de la sismicité, ainsi que pour leurs utilisations dans des projets de recherche. En effet, ces stations mesurent les mouvements du sol et contribuent à améliorer la détection et la localisation des séismes, en particulier les petits séismes qui sont difficilement détectés par les stations des différents réseaux permanents français (Epos-France) et des pays voisins (Allemagne, Suisse).
Le projet PrESENCE financé par l’Agence Nationale de la Recherche (voir site) pour la période 2022-2025, est dans la continuité du travail mené par le BCSF-Rénass depuis 2017, Il consiste à déployer un réseau d’environ 80 stations Raspberry Shake dans des bâtiments connectés au réseau internet, en plus de ceux déjà installés par l’EOST/BCSF-Rénass. Ces stations seront hébergées principalement chez des citoyens et quelques-uns dans des bâtiments publics (par exemple des mairies). L’un des objectifs du projet est de mieux pouvoir détecter et caractériser l’activité sismique aux alentours des projets de géothermie profonde dans le Bas-Rhin.
Un autre objectif important de ce projet est de favoriser des échanges directs entre les citoyens participants et les sismologues via des rencontres conviviales (Sismo-Stammtisch) destinées à répondre à toute question relative au projet et à la sismologie en général. Ces rencontres permettront également de présenter aux citoyens l’usage des données. Par ailleurs, une boîte à question sera ouverte tout au long du projet. Ces échanges pourront être observés par des sociologues du LISEC étudiant l’impact du déploiement de ces stations chez des particuliers, sur leur perception de l’aléa sismique naturel ou induit et de la science en général.
Le sismomètre :
Les équipements utilisés dans ce projet sont des sismomètres de type “Raspberry Shake” (https://raspberryshake.org/). Un des avantages de ces stations est qu’elles sont relativement peu coûteuses et peu contraignantes par rapport aux stations permanentes. Il est donc possible d’en déployer un grand nombre, notamment dans les espaces urbanisés.
L’appareil est peu encombrant : le boîtier mesure environ 15x15x7cm. La station nécessite d’être en permanence alimentée en courant et connecté au réseau internet afin que les mesures soient transmises en temps réel au centre de données de l’EOST.
Le sismomètre ne demande aucune maintenance particulière. Il consomme peu de bande passante (environ 50 Mo par jour) et très peu de courant électrique (5 W/h).
Les données sismologiques :
La société Raspberry Shake (le constructeur des stations) a mis en place une plateforme web publique (https://stationview.raspberryshake.org/#/) proposant divers outils de visualisation des données sismologiques. Cette plateforme web, présentée à l’installation de l’appareil, permet aux participants au projet de visualiser en temps réel les vibrations mesurées par le sismomètre installé à leur domicile. Elle leur permet également de suivre la sismicité régionale et mondiale mesurée par les autres sismomètres Raspberry Shake installés dans le monde (exemple en figure 3).
Par ailleurs, la sismicité régionale (et nationale) est consultable en permanence sur le site du BCSF-Rénass (https://renass.unistra.fr/). Les participants peuvent voir lorsque la station installée chez eux contribue à la localisation de séismes régionaux.
Exemple d’utilisation des données par l’EOST :
Plusieurs stations Raspberry Shake ont été utilisées afin de localiser le séisme de Kembs-Sierentz du 10/09/2022 de magnitude locale 4.8 (https://renass.unistra.fr/fr/evenements/fr2022jyttas/). Parmi les cinq stations les plus proches utilisées pour localiser le séisme, trois étaient des Raspberry Shake (voir figure 4 ci-dessous).
Ces stations contribuent aussi au calcul des cartes de l’intensité des secousses sismiques (ShakeMap) pour les séismes ressentis (voir figures 5).
Institutions et laboratoires impliqués sur l’étude Sismologique : L’EOST : https://eost.unistra.fr/ L’ITES : https://ites.unistra.fr/ L’ITI GeoT : https://geot.unistra.fr/ Les sites de l’observation sismologique national BCSF-RENASS situé à Strasbourg : www.franceseisme.fr/ / https://renass.unistra.fr/ |
Les données sociologiques
Au niveau sociologique, le réseau Sismo-Citoyen constitue un terrain d’étude inédit. Il permet d’apporter une nouvelle orientation aux travaux déjà nombreux portant sur les modalités d’engagement des citoyens dans des projets de sciences participatives.
L’observation sociologique ouvre des perspectives permettant de mieux comprendre les relations que les citoyens entretiennent à la science et au risque industriel. L’étude sociologique proposée dans le cadre du projet SismoCité s’inspire en partie des résultats obtenus dans le cadre du suivi sociologique des premières vagues d’installation de capteur chez des particuliers.
Les échanges nourris qui seront organisés avec les volontaires et les différentes parties prenantes permettront notamment d’analyser la façon dont les collectivités, les élus, les associations et les citoyens se saisissent de ce dispositif pour appréhender les enjeux environnementaux associés au développement de projets industriels et de la surveillance sismique.
Institutions et laboratoires impliqués sur l’étude Sociologique : Le LISEC: http://www.lisec-recherche.eu/ L’ITI GeoT : https://geot.unistra.fr/ |